Améliorer une connexion domestique commence par des mesures honnêtes, pas par des « optimisations » à l’aveugle. Le réseau sature surtout en montée (upload) quand plusieurs appareils envoient flux vidéo, sauvegardes et pièces jointes à la fois : c’est là que la visioconférence saccade et que le ping explose. La bonne méthode tient en trois volets. D’abord, mesurer au bon endroit, au bon moment, en Ethernet et sur plusieurs serveurs pour isoler la part Wi-Fi/maison de la part opérateur. Ensuite, contrôler le débit sortant grâce à des règles QoS/SQM simples qui priorisent voix, visio et jeux sans étrangler le reste. Enfin, soigner la topologie et le câblage (ports 2.5 GbE quand utiles, backhaul filaire, bons canaux radio) pour éviter les goulots absurdes. Une fois posés, ces réglages ne demandent qu’un entretien léger : mises à jour du routeur, vérification trimestrielle des débits de pointe, et une petite hygiène des appareils bavards.
Mesures « propres » : Ethernet, plages horaires et MTU juste

Branchez un PC en Ethernet directement sur le routeur pour établir une ligne de base : pas de Wi-Fi, pas de CPL, pas d’extender. Faites trois séries de tests matin / 18–21 h / tard le soir pour voir le profil réel des heures de pointe. Comparez plusieurs services (par ex. un test opérateur + un test indépendant) et notez débit descendant, ascendant, ping et gigue. Si l’upload est instable, cherchez les causes locales : sauvegardes cloud, envoi de photos, synchronisations. Ajustez ensuite le MTU : avec PPPoE, 1492 (voire 1480) évite la fragmentation ; en IPoE/Docsis, 1500 est la valeur classique. Un MTU mal réglé dégrade certains sites et augmente la latence. Mesurez aussi LAN↔routeur (outil type iperf entre deux machines) : si vous plafonnez à 300–400 Mb/s en interne, inutile d’espérer mieux en Wi-Fi. Ces mesures dessinent la frontière entre problèmes maison (Wi-Fi, câbles, configuration) et fournisseur (congestion, peering).
QoS simple et efficace : prioriser voix/visio, dompter l’upload
La fluidité se gagne en contrôlant l’upload, là où naît le bufferbloat. Sur un routeur un peu évolué, activez un moteur SQM (fq_codel/cake) et réglez les plafonds à ~85–95 % de vos mesures d’upload et download aux heures de pointe. Le routeur « lisse » les files d’attente, si bien que la visio et les jeux passent devant un envoi massif. Ajoutez des règles lisibles : priorité haute pour Zoom/Meet/Teams, appels VoIP et consoles ; normale pour le web ; basse pour sauvegardes cloud et mises à jour. Évitez les listes exotiques : deux ou trois classes suffisent. Sur Wi-Fi, laissez WMM activé afin que les paquets temps réel ne partent pas après les téléchargements. Vérifiez que le CPU du routeur tient le chiffrement et le SQM au débit visé (un vieux modèle tombe vite à 200–300 Mb/s). Résultat concret : la famille peut téléverser des photos pendant que votre réunion reste nette, micro compris.
Ports, câbles et radio : supprimer les goulots et stabiliser le Wi-Fi
Côté filaire, utilisez des câbles Cat5e/Cat6 en bon état et, si votre box/routeur et votre PC le permettent, basculez les liens critiques (WAN↔routeur, routeur↔switch) en 2.5 GbE pour éviter un étranglement à 1 Gb/s quand vous avez fibre + NAS/jeux en LAN. Évitez les chaînes inutiles (modem → switch → routeur) ; préférez modem → routeur, puis routeur → switch/AP. Pour le Wi-Fi, réservez la bande 5 GHz/6 GHz aux usages temps réel et gardez la 2,4 GHz aux objets lents. Choisissez un canal fixe peu encombré plutôt qu’un « Auto » instable, et éloignez l’AP des murs porteurs/miroirs. Si vous avez un mesh, privilégiez un backhaul Ethernet : la moitié des soucis disparaissent. Placez les consoles/PC de jeu en Ethernet autant que possible ; un cordon de 10 m vaut mieux qu’une soirée à déboguer des micro-coupures radio. Mettez à jour firmware routeur/AP : chaque version corrige des cas limites de roaming, VRR de paquets et stabilité.
Entretien léger et plan B aux heures de pointe

Programmez les mises à jour lourdes (OS, jeux, cloud) la nuit. Créez un profil horaire qui baisse la priorité des sauvegardes entre 18 h et 21 h. Surveillez chaque trimestre les débits et la latence sous charge (test « upload saturé ») ; si la latence grimpe malgré le SQM, baissez encore de quelques pourcents le plafond d’upload. Documentez une checklist de panne : redémarrer ONT/modem, vérifier que le routeur n’est pas bridé par un VPN, tester un autre câble WAN, passer la visio en Ethernet. Si vous changez de box ou d’ISP, refaites la séquence mesurer → calibrer SQM → tester en pic. Enfin, gardez un plan B mobile : partage 4G/5G prêt, avec règle QoS temporaire qui coupe le cloud. Avec des mesures propres, un SQM minimaliste et une topologie saine, vos appels restent nets et vos parties stables… même quand toute la maison est en ligne.